La reine des pommes de Chester Himes



L'histoire se passe dans Harlem, possiblement dans les années cinquante, comme la traduction en français a paru pour la première fois en 1958.
Jackson, la reine des pommes, est employé des pompes funèbres. Petit, gros et noir, il a presque pour femme Imabelle, une superbe demoiselle à la peau couleur de banane. Mais l’entourage de la belle est exclusivement constitué de truands sanguinaires qui ne pensent qu’à s’accaparer de l’argent de Jackson.

Après une tentative de blanchiment d’argent où ils sont tous pris en flagrant délit, les bandits disparaissent avec Imabelle. Seul Jackson se laisse prendre et est finalement remis en liberté.

Recherchée par le duo de policiers Ed Cercueil et Fossoyeur, la bande s’intéresse maintenant à la malle d’Imabelle qui contiendrait des pépites d’or. Jackson, de son côté pense à retrouver son aimée et va chercher de l’aide auprès de Goldy, son frère jumeau. Goldy, qui se déguise en bonne sœur et qui vend des tickets pour le ciel afin de s’acquitter du coût de la drogue qu’il a tant besoin, pigeonne aussi Jackson.
La route qui mène Jackson à la tranquillité et à l’amour d’Imabelle est semée de cadavres et autres malentendus macabres.
Le récit est saupoudré d’humour noir et de dégoûtantes descriptions, mais le bonheur finit par l’emporter car dans le Harlem de Chester Himes il y a effectivement un dieu pour les bons chrétiens… Qu’est-ce que la reine des pommes peut demander de plus ?

C'est un roman policier mais l'intrigue ne constitue pour autant pas l'intérêt essentiel de ce livre. Plus qu'un roman policier, c'est aussi et peut-être surtout un roman social. Chester Himes décrit Harlem dans tous ses coins et recoins, la misère,la saleté, la violence, c'est la vie dans ce qu'elle a de plus pathétique.
On ne s'ennuie jamais dans les descriptions de Chester Himes car le rythme est rapide.
Les descriptions du Harlem des années 50 et de ceux qui y vivent ou plutôt souvent y survivent sont très réussies...
C'est très noir voire sordide mais en même temps, drôle voire loufoque. Et Le sordide et le loufoque font ici un mélange savoureux.

On ne s'ennuie jamais car le rythme est très enlevé et il se passe toujours quelque chose: on se croirait devant un vieux film américain de gangsters mais avec une dimension sociale et un côté comique plus poussés.

Et Les dialogues sont agrémentés de citations fantaisistes des Écritures et font un usage massif de l'argot. On y retrouve l'inévitable "greluche" mais aussi les "bigorne", "frelot", "maflus", "lingue" ou autres "blases". Et Quelques refrains de blues viennent compléter l'ambiance de ce bon polar qui ne ménage cependant pas le lecteur en alternant dialogues pittoresques et scènes plus noires...

La Reine des pommes est le premier roman d'une série qui met en vedette deux inspecteurs noirs, Ed Cercueil Johnson et Fossoyeur Jones,l’un au crâne cabossé, l’autre au visage vitriolé, inspirant respect et crainte aussi bien aux flics blancs qu’aux voyous de Harlem.
Les aventures dans le ghetto de Harlem des deux policiers sans illusions se poursuivent entre humour et désespoir à travers plusieurs autres romans parmi lesquels Couché dans le pain et Imbroglio negro en 1959, Tout pour plaire en 1961...

Ce roman a obtenu le Grand Prix de littérature policière en 1958, je crois et a d'ailleurs été adapté en 1991 par Bill Duke avec Forest Whitaker et Danny Glover, et l'on avait conservé le titre original, Rage in Harlem.
Je vous le recommande chaleureusement, sous le couvert d'un humour irrésistible et d'une histoire policière c'est un roman qui démontre la condition déplorable des noirs américains dans les années 50.

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