Les Saigneurs du Village de William judson



Vous allez comprendre que c'est plus un choix personnel qu'un conseil littéraire.

Pour résumer Georges Waddy , petit dealer sans envergure ,griévement bléssé , perd la mémoire et est recueilli par une mystérieuse jeune femme et échoue à Killman’s Landing , autrement surnommé Saigneville .
C'est un drôle de village ou quelques âmes damnées vivent en autarcie. Ces villageois austères qu’on pourrait confondre avec de gentils quakers écolos sont en réalité de redoutables tueurs, membres d’une organisation criminelle a la solde du FBI, de la CIA et du KGB.
Ce sont eux qui ont éliminé Jesse James, Martin Luther King, Robert Kennedy, l’ex roi Farouk, le pape Pie XII et même le général de Gaulle ( sic...et oui tout un programme !!!)

Dans ce village, les filles comme les garçons, à partir de douze ans, sont initiés aux armes à feu, aux technologies de pointe et à la pharmacologie.
Une fois rétabli, George Waddy épouse Pauline sa salvatrice et devient de ce fait membre de droit de la communauté. Il est alors prié de prononcer ses « vœux » qui feront de lui un tueur à gages chargé d’un premier contrat : éliminer l’attorney général des Etats-Unis. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Je crois savoir qu'aussi loin que puisse remonter ma mémoire, ce bouquin est certainement le premier polar qu'il m'ait été donné de lire.

Trouvé par hasard chez mon grand père quand j'étais mome ( 8-9ans...enfin, c'est loin maintenant) et lu en cachette sous les draps la nuit à la lueur d'une loupiotte ou planqué au fond du gigantesque jardin à la faveur d'une tiéde journée d'automne , le regard inquiet et troublé oscillant de temps en temps et m'arrachant à ma lecture par peur du Pater Semper massif à la voix rauque et imposante .
L'ironie est que ce sentiment trouble de défiance envers l' Adulte Autorité a du me procurer un certain plaisir pour que ce souvenir aussi lointain soit-il refasse surface avec tant de détails....( sale môme...!!!)

Ce roman m'a hanté des nuits et m'a certainement fait perdre une partie de mes illusions d'enfant. A t'il d'ailleurs révélé ce gout du glauque et de l'obscur qui me fait apprécié les errances de cinéastes comme Ferrara et Lynch , ou le sordide accompli d'un Patrick Bateman( Ellis) ou d'un Ward Litell ( Ellroy) ??? C'est digne d'une analyse !!!
IL est vrai que sorti en 77 ,année punk , il s'apparente plus à un ovni ...Violent, sombre, désespéré et cynique mais aussi caustique et ma foi intemporel.

Redècouvert il y a peu au fond d'un carton dans le grenier de cette vieille batisse mayennaise qui fait office d'auberge -lits et couverts - aux membres de ma famille , j'y ai réplongé avec délectation un oeil plus mur et plus endurci.

Il est vrai que l'écriture fluide tient plus d'un roman de gare que d'un Mailer, que les personnages caricaturaux semblent tout droit tirés d'un comicbook , qu' invraisemblances, anachronismes et grosses ficelles sont aux rendez-vous, la trame n'ayant pas forcemment été bien réfléchie et que malheureusement, les quelques et rares personnages féminins font faire-valoirs à des scènes érotiques téléguidées.

Mais il faut qu'absolument que je remercie ce William Judson de m'avoir fait apprécier le roman policier ( au risque d'une bonne trempe méritée)...
Mais surtout d'avoir certainement contribué à ce gout immodéré pour la lecture qui m'a transformé en dévoreur de pages.
Et depuis je mache , j'avale, ingurgite parfois regurgite, lignes encrées et pages cornées.
On reconnait en soi le toxicomane incurable lorqu' on en arrive à humer l'odeur de l'encre neuve et à en prendre du plaisir...
Certains se reconnaitront certainement....

Pierre qui Roule de Lax d'aprés Westlake


Juin 1969. New York. John Dortmunder sort de prison après avoir purgé une peine de quatre années. A la sortie, l’attend son vieil ami et complice Andy Kelp qui lui parle déjà d’un nouveau nouveau coup qui peut leur rapporter pas mal d'argent. Son commanditaire est le major Iko, ambassadeur du Talabwo. Celui-ci voudrait qu’il récupère une émeraude sacrée appartenant à un pays rival– valant la modique somme d'un demi-million de dollars –.

Une équipe est rapidement mise en place : Roger Chefwick le serrurier, Stan Murch le conducteur et Alan Greenwood l’homme à tout faire. L’objectif se trouve dans un musée, le plan se met en branle : Andy marche tranquillement devant l’une des entrées et fait mine de s’évanouir. Le garde le voyant se précipite pour l’aider mais le voyou le braque. Plus loin, Stan lance une voiture contenant une grenade incendiaire contre la porte principale et occupe les gardes en leur disant que la direction s’est bloquée.
Alan, John et Roger sont maintenant à l’intérieur et essaie de sortir l’émeraude de sa prison de verre. Or, à peine ont-ils réussi, qu’une alarme retentit. John donne la pierre précieuse à Alan et somme à tous de se disperser. Seulement Greenwood se fait prendre…
Le casse, par malchance, ne va pas se dérouler comme prévu...

Christian Lax retrouve ses crayons et ses pinceaux et nous plonge avec ses planches au coloris plutôt sombre dans l'univers du polar nous faisant découvrir graphiquement un maître du genre , Donald Westlake.

Initialement paru en 1970, Pierre qui roule raconte le parcours d’un ancien taulard qui essaie de mettre la main sur une émeraude, et qui doit pour cela faire preuve de patience et d’ingéniosité. Lax réussit avec talent (comme d’habitude) à nous narrer les méfaits de ce casseur looser, sans oublier un humour bienvenu.
Les confrontations entre le major Iko et John prêtent à rire, l’ambassadeur africain étant très exubérant. On s’amuse aussi de voir l’addition de plus en plus salée pour ce dernier…
Si le roman est plutôt bien adapté, l’ambiance « année 70 » est bien rendue, les ellipses se font peut être un peu trop ressentir .Mais ceci n'est pas préjudiciable puisque les planches sont toujours aussi impressionnantes, la colorisation est assez sombre et l’effet gouaché est très réussi.

Dans Pierre qui roule, nous faisons ainsi la connaissance de l'un ses personnages récurrents, un cambrioleur un tantinet malchanceux, John Dortmunder...
C' est un personnage extrêmement attachant, un loser sympathique, malchanceux mais prenant les choses avec circonspection. Chaque livre le mettant en scène est un véritable régal et met toujours de très bonne humeur.

Et puis l'équipe réunit ces bras cassés déja rencontrés auparavant et qui seront aussi récurrents dans les romans futurs de Westlake, dont Andy Kelp, l'enthousiaste permanent qui fatigue tout le monde par ses bavardages ,Stan March le driveur obsédé par ses itinéraires et leurs minutages, et Roger Chefwick le roi des crocheteurs amoureux des chemins de fer.

Ce roman a d'ailleurs été adapté au cinéma avec dans le role principal un Robert Redford aussi caustique et cabotin que dans "l'Arnaque"


Donc pari gagné pour les éditions Casterman et Rivages Noir qui ont eu une bien belle idée de s'associer pour faire se rencontrer roman noir et bande dessinée ! D'ailleurs , deux autres adaptations méritent que l'on s'y attardent et je pense que j'en parlerai un jour . Donc rendez-vous pris pour Loustal et Coronado d'aprés Dennis Lehane ( Shutter Island, Mystic river) et pour Matz et Nuits de terreur d'aprés Jim Thomson ( Le démon dans la peau, Les arnaqueurs) , Enfin Le Choucas , héros emblématique de Lax aura certainement sa chronique ici...
A bientôt....

Fatherland de Robert Harris


C’est l’uchronie parfaite. Le IIIème Reich a gagné la seconde guerre mondiale.
Située en 1963 à Berlin, l’histoire raconte les recherches d’un agent de la Gestapo, Xavier March qui est chargé de résoudre une enquête sur la mort de plusieurs haut dignitaires de NSDAP.
Que des vieux de la vieilles, des héros du Reich, compagnons zélés du Führer.

En imaginant une Allemagne qui n’est jamais sortie du nazisme, Robert Harris invente un décors sombre, étouffant, où tout le monde surveille tout le monde. Un univers de paranoïa aiguë dans lequel il brosse le portrait de personnages passionnants, luttant contre les certitudes qu’on leur a appris.

Dans un Berlin totalement voué à la cause nazie, March doit retrouver les meurtriers mais aussi tenter de se faire aimer de son fils, dans une Allemagne qui a conquis l’Europe et qui attend la visite du président américain Joseph Kennedy, visite qui doit contribuer à mettre un terme à la guerre froide entre les États-Unis et le Reich.
Sa rencontre avec Charlie Maguire, journaliste américaine, et plusieurs interventions des SS font comprendre à March que quelqu’un cherche à effacer des preuves et des connaissances que possédaient ces vieux dignitaires. Il va finir par découvrir que tous ces hommes ont participé, en 1942, à une mystérieuse réunion, organisée dans un château de la banlieue de Berlin et que quelqu’un les tue pour protéger un secret.

Robert Harris est diplômé d' Histoire de l'université de Cambridge.Il est d'abord reporter pour la BBC puis éditorialiste politique à The Observer, chroniqueur au Sunday Times ainsi qu'au Daily Telegraph. Après avoir publié plusieurs essais, sur des politiciens britanniques aussi bien que sur les carnets secrets de Hitler, il se lance dans la fiction avec Fatherland en 1992. Un premier roman controversé en Allemagne comme en Angleterre qui n'a faillit jamais être édité...
Un superbe polar sur fond historique à découvrir absolument, l'auteur utilisant pour son récit des documents authentiques. On voit ce à quoi nous avons échappé...

Necropolis de Herbert Lieberman


A New York, ce n'est pas les cadavres qui manquent!
Paul Konig est le chef de la médecine légale . C'est un praticien de génie, formé par le meilleur professeur, dont la compétence est sans égale. Il perd pied entre les horreurs auxquelles il est confronté, les luttes intestines dans son service, la paperasserie administrative et surtout, la disparition de sa fille.
Attention ce n'est pas du Patricia Cornwell c'est d'un sombre !!!!
La précision clinique de l'ensemble des thèmes soulevés dans ce livre est un excellent moyen de sonder l'ame humaine , ses horreurs et ses travers.

Un roman noir, très noir...mais fulgurant!
Embarquez pour un voyage hallucinant et halluciné au coeur des entrailles de la "Grosse Pomme". Un polar qui vous hantera longtemps....!
Ecrit dans les années 70, ce thriller a conservé toute sa puissance, toute sa symbolique et,trente ans avant que ce ne soit la mode des séries TV, "Experts et Autres", mettait déjà en avant le travail indispensable de la médecine légale.

L'auteur nous livre une narration tendue, maîtrisée et sans temps mort qui plonge tout de suite le
lecteur au coeur d'une intrigue et d'une ambiance aussi efficace qu'étouffante et il est bien difficile de
lâcher le livre avant son dénouement.
Voici probablement l'oeuvre la plus noire de ce fabuleux auteur qu'est Herbert Lieberman. Ce policier
reste un véritable incontournable pour quiconque désirerait lire un roman glauque, malsain et
formidablement écrit. Le parallélisme entre trois affaires différentes est exceptionnellement bien ficelé
et l'intrigue reste toujours claire bien que parfois empreinte de complexité.


Necropolis (la cité des morts), c'est New York City, et comme à l'entrée de l'enfer de Dante, il faut ouvrir ce bouquin en abandonnant tout espoir... Mais les chants les plus désespérés sont les plus beaux et
ce livre bouleversant ne déroge pas à la regle
Cela se lit d'une traite tant le suspense est omniprésent de la première à la dernière page. Une oeuvre sans faute que je recommande à tous tant par le fond que par la forme.

Ce livre est au polar , ce qu'Abel Ferrara est au cinéma !!!!
Et puis c'est historique , c'est bien le premier polar à ma connaissance dont le héros est légiste.

Sueurs Froides ( Vertigo) d' A. Hitchcock d'aprés Boileau-Narcejac



L' inspecteur John Scottie ( James Stewart) est sujet au vertige, ce qui lui porte préjudice dans son métier de policier. Rendu responsable de la mort d'un de ses collègues, il décide de quitter la police.
Un ami d' enfance, Galvin Elster (Tom Helmore), le charge de surveiller sa femme Madeleine ( Kim Novak ) qui selon lui, est possédée par l'esprit de son aïeule et veut se suicider.IL s'éprend de la jeune femme et se trouve ballotté par des évènements qu'il ne peut contrôler.

Et effectivement il la sauvera de la noyade.
Scottie tente de comprendre la folie de Madeleine. Il s’attache à cette femme hantée et tente en vain de la sauver lorsqu’elle décide de se jeter du haut d’un clocher. Après un an de dépression, il retourne dans les lieux où il avait passé des moments avec Madeleine.

Scottie cherche son visage dans la foule et finit par trouver son sosie. Il s’obstine à la rencontrer puis l’invite à sortir. Scottie s’acharne à transformer Judy à l’image de Madeleine: il la colore en blonde, la coiffe, la maquille et lui achète le même tailleur que la disparue. Etrangement Judy se laisse faire, car elle veut qu’il découvre la vérité par lui-même. La ressemblance est frappante. Judy commet alors l’erreur de mettre le collier de la défunte.

Scottie réalise qu’il a été la victime d’une machination. Tout au long du film, un autre personnage essentiel, une amie de Scottie, Mige Wood (Barbara Bel Geddes), une artiste et styliste, le conseille, mais est elle aussi amoureuse de lui. C’est pourquoi elle cherche à en savoir plus sur la liaison de Scottie et de Madeleine. L’histoire se décompose en 3 grandes parties ; une histoire d’amour, une enquête policière et un drame personnel.













C'est à mon avis l'un des films d' Hitchcock les plus aboutis.
C'est en somme une histoire psychanalytique qui montre les problèmes de Scottie face à son vertige, en particulier avec l’élément de la spirale, récurent et qui en fait l'objet symbole de ce film ( un escalier en colimaçon, le chignon sans défaut de Carlotta, une imposante lampe dans un hôtel, le tronc d’un arbre centenaire…)
Je pense que la musique de Bernard Hermann a aussi beaucoup joué sur le suspense du film.

A voir et revoir sous différents anges, sa construction, son intrigue qui au démeurant aurait pu paraitre invraisemblable, pour le jeu de Kim novak qui endosse pas moins de 3 roles ( Madeleine , Judy et l'aieule Carlotta) et enfin sous un angle architectural ( pour le décor urbain de San Franciso).


Ce film a été restauré dans les années 80 mais reste sans contexte si contemporain


Il faut rappeler aussi le talent de Pierre Boileau et Thomas Narcejac qui ont proposé cette nouvelle à Hitchcock pour adaptation en 1954.
Ils ont d'ailleursont écrit une oeuvre qui fait date dans l'histoire du roman policier et qui, de Clouzot à Hitchcock, a souvent inspiré les cinéastes : Les diaboliques, Les louves, Les visages de l'ombre, Les magiciennes, Maléfices, Maldonne...et tant d'autres

D''entre les morts "se déroule en France pendant la guerre et aprés la libération un an suivant la mort de Madeleine.
A lire aussi en parallèle

Rouge Karma de Mi Jianxiu


Le renouveau du polar étranger , bien qu'on nous assomme avec cette vague de scandinave ( dont les fers de lance comme Mankell ou Nesbo sont somme toute trés bons), passe aussi par ces auteurs chinois comme Qiu Xiaolong , He Jiahong ou ce Mi Jianxu dont je vais parlerqui confirment que le réveil si souvent annoncé de la Chine a commencé depuis déjà bien longtemps.

Choix difficile ( et bigarré) entre Bleu Pekin, jaune camion, et rouge Karma. Mais ce dernier est pêut etre le plus emblematique.
C'un polar inhabituel dans le sens où on découvre une enquête menée différemment qu'en occident. l'auteur nous emmène méticuleusement dans une société et une logique de pensée qui nous est différente.

Au temps de la Révolution Culturelle dans un camp de rééducation par le travail situé dans le Hubeï, une jeune femme, Chen Meimei, est violée par Da Han, le cruel chef du camp.

Dix ans plus tard, au moment du programme de modernisation accéléré de la Chine du début des années 1980, un homme venant de cette même province du sud est trouvé égorgé dans un chantier de démolition à Pékin. L'enquête commence alors pour le juge Li, ses amis Peng (sous-chef à la Sécurité-Publique), Po (jeune agent) et la ravissante Xia, (agent de l'ordre public). Cette enquête les emmènera au cœur de Pékin, grande ville minée par la violence et la corruption, ainsi que dans les campagnes miséreuses du sud.

Mi Jianxiu nous décrit, par de brèves et frappantes esquisses, les ressorts d'une société chinoise tout à fait surprenante bien loin des idéologies véhiculées par les intellectuels européens: la montée de la criminalité, le peu valeur accordée à une vie humaine, la gangrène de la corruption à grande et petite échelle, le respect presque absolu de la hiérarchie, la place de l'individu dans l'ordre social et le schisme existant entre la vie urbaine et campagnarde.
C'est une description sans complaisance mais très vivante qui nous dévoile l'envers d'un pays souvent idéalisé .
Mais on apprend aussi : comment on voyage en train, comment on mange des raviolis, comment fonctionne un commissariat, nous apprenons que les Mandchous se sentent supérieurs aux Han, qu’il y a des brigades pour arrêter les homosexuels et les amoureux illégitimes, et la procédure à suivre pour être amoureux légitime, et les petits trafics, et les grosses combines, nous nous repérons peu à peu dans les complexités du système, nous zonons dans la ville, nous découvrons une province, et les antagonismes entre pouvoir central et pouvoir régional, mais le plus beau, c’est qu’on rit.
Et parfois aux éclats , l'auteur s'attachant à y manier beaucoup l'humour, ce qui ne sera pas sans vous déplaire !!!!

Le Cercle de la croix de Iain Pears


Tout d'abord, ce livre est à recommander chaudement à ceux qui aime l'Histoire et les intrigues policières historiques.

Fils d'un riche négociant vénitien, Marco da Cola était parti étudier la médecine pour son seul plaisir lorsque les aléas d'un voyage en Angleterre le conduise à Oxford en 1663.
Confronté à l'hostilité des docteurs anglicans - on s'arrache les cadavres et on dissèque à tour de bras -, notre suppot du pape se mêle de soigner la mère mourante d'une jeune fille diabolique sous l'égide d'un philosophe célèbre.
Là aura lieu dans le plus grand secret une expérience scandaleuse qui pourrait bien être la première transfusion sanguine de l'histoire de la médecine. Dans le même temps on découvre à Oxford la mort suspecte du professeur Grove. Accident ou meurtre? Les mobiles du crime?

Ce roman a surtout la particularité d’être un "journal à quatre mains".Outre le gentilhomme vénitien, trois témoins, dont un érudit d'Oxford, donnent chacun leur version de l'histoire. Un seul dira la vérité.

Les quatre voix qui parlent sont celles : primo d’un gentilhomme vénitien, plutôt espion que médecin (ainsi qu’il se présente) ; le second narrateur est un ami de la victime, espion au service du roi.
La 3ème personne qui nous parle est un jeune homme assez étrange, plutôt "dérangé" Jack Prestcott, fils d'un traître mort en exil et qui souhaite réhabiliter son père, considéré comme rénégat.
Et le quatrième témoin est John Wood, étudiant, amoureux de la jeune accusée, jeune homme faible et geignard .

Iain Pears nous sonde comme les médecins d'Oxford dépècent leurs cadavres. Il recrée l'univers intellectuel et politique du XVIIe siècle avec maestria.
Le travail de recherche de Ian Pears sur le XVIIème siècle à Oxford est tout simplement formidable, puisque dans ce roman seul deux protagonistes sont fictifs. Tout au long du roman on rencontre différentes personnalités de l'époque appartenant aux hautes sphères du pouvoir, de la science, de la religion et de la philosophie.
Et Bien entendu on apprend une multitude d'informations sur les moeurs, les habitudes, les connaissances de l'époque. C'est aspect là qui m'a plu le plus.
Il ya même de ce et là quelques traits d'humour quant aux commentaires du Vénitien, face au peu de raffinement des Anglais.

Si vous aimez Umberto Eco,Caleb Carr ( l'aliéniste) et pourquoi pas Miss Marple ( !!!) ....n'hésitez pas

Le der des ders de tardi et Daeninckx


Le der des ders est un vrai polar en noir et blanc qui a une connotation historique très intéressante. L’action se situe en 1920 c’est à dire après la première guerre mondiale qui a marqué les esprits et qui a surtout sacrifié toute une génération de braves gens.
Le héros est un détective privé qui exerce une activité pour le moins décriée. Il fait du fond de commerce lié aux conséquences dramatiques qu’avait nécessairement impliqué cette guerre sur les couples.
Cependant, il va être mêlé progressivement à une affaire qui le dépasse totalement. Il y aura bien entendu des fausses pistes pour brouiller la vérité. Bref, les trucs habituels du genre…


Le rythme est bon, le dessin apporte quelque chose à l'histoire qui permet de dire que l'adaptation en valait la peine, il n'y a pas trop de dialogues (même s'ils sont assez nombreux mais moins que dans Nestor Burma, je trouve), bref ça se lit tres bien.

Il faut dire que le travail de recherche de Tardi sur la grande-guerre et les années qui la suivirent quant
aux décors est fouillé .On se balade dans le Paris de 1920 comme si on y était, et Tardi fait vraiment ressortir la beauté de lieux parfois tout simples.



Tardi maîtrise vraiment bien l'histoire et le roman de Daeninckx. Il parvient à scotcher l'attention du lecteur, tout en créant une ambiance sympa.
A noter que la trame générale, permet une nouvelle fois à l'auteur de "C'était la guerre des tranchées", de fustiger les profiteurs de guerre et autres héros aux mains sanglantes.
On ne répêtera jamais assez combien ces psychopates à vareuses décorées ont fait du mal au peuple et le héros pétochard mais anarchiste a ses heures qui le répete insidieusement est passablement anti-militariste ( comme Tardi et Dareninckx ? )

Une bonne bande dessinée adaptée d'un bon polar .Que demande le peuple ?

La voix d' Arnaldur Indridason


Ce n'est plus de saison (Noêl est déja loin derrière nous) mais pourquoi ne pas évoquer l'Islandais Arnaldur Indridason et cet affaire de Pére Noël assasiné.

Indridason a été une découverte en ce qui me concerne.
J'ai adoré 'La Femme en Vert' et aussi 'La Cité des Jarres'.

Pour ce dernier roman traduit en français,LA VOIX , j'ai été pris par ce récit lent à la faveur de l'hiver artique.
On dirait que l'inspecteur Erlendur est engourdi par le froid et que rien ne s'y passe.
Erlendur, c'est un peu l'Adamsberg de Vargas dont je parlai dans mon précedent article, bourru, lunaire et taciturne. Un humour beaucoup moins présent dans ce roman mais qui touche de son coté glacé.
C'est pourtant un bon roman, avec des personnages complexes, un réalisme parfait et un passé très secret et très pesant qui fait régner une ambiance de plomb sur ce roman bien noir.

Quelques jours avant Noël, dans un palace de Reykjaviik, le portier Gaudlaugur (endossant occasionnellement le costume du Père Noël pour la fête des enfants) est retrouvé assassiné dans un cagibi qui lui servait de domicile depuis plus de vingt ans dans la cave de l'hôtel.
Toute cette histoire est sordide. Du début à la fin. Cela commence par des détails anodins qui empirent et empirent jusqu'à devenir incontrôlables.

En Islande le temps suspend son vol alors ne soyez pas perplexe lorsqu’Erlendur, ayant trouvé dans la maison de la victime ,une photo d'un enfant que l’on découvrira mort trente ans passé, décidera d'orienter les enquêtes sur des faits arrivés dans les années 60.
Erlendur a le chic pour disposer d’un sens tellement intuitif pour suivre une piste qui, apparemment, n’a rien à voir avec l’homicide mais qui le placera sur la bonne voie. Un fait récurent qu'on retrouvera dans " la femme en vert " ( que d'ailleurs je conseille aussi..)

Dans ce roman le commissaire dévoile beaucoup de ses tourments existentiels autour d'un certain traumatisme culpabilisant de son enfance qui le poursuit et ampute son aptitude à la joie de vivre : la disparition du frère en pleine tempête et la dépression du père, son mariage désastreux, sa fille droguée qui s'est réfugiée dans les bas fond, se prostitue et pense au suicide.
Et une histoire parallèle d'abus d’enfant sur laquelle enquête Elinborg, l'adjointe.
Pour Erlendur, rien ne va. En effet, seul et mélancolique, il décide de s’installer à hôtel et de passer la Noël loin de chez lui.
Très peu d'action, presque rien. Tout se déroule, lentement, dans un lieu fermé. La trame policière n'est pas particulièrement captivante, sans grandes surprises mais ce roman qui est plus une histoire sur les rapports familiaux, surtout entre père et enfants, reste de toute façon fascinant pour le personnage du commissaire, pour les étranges hôtes et les étranges employés de l'hôtel, surtout pour la belle écriture d'Indridason.

La personnalité d'Erlendur correspond au profil-type du «héros» de bon nombre de polars qui ne trouve d'échappatoire que dans l'exercice de ses fonctions où il se réfugie...Quoique...
Parfois le lecteur se demande si notre héros va pas se jetter par la fenêtre de cet hotêl qu'il squatte sans vergogne, se coupant réellement du monde ce soir de noêl.

Un grand roman bien ficelé avec des personnages attachants et des indices lancés çà et là...
Bonne prose, bon suspense … bref, bon thriller qui nous vient du froid.

L'homme aux cercles bleus de Fred Vargas


Encore un auteur sur lequel on ne peut que s'attarder.Pour ma part ,j'ai tout dévoré d'elle.
J'avais par hasard et je ne sais plus comment , mis la main sur "Part vite et reviens tard" que j'ai avalé d'une traite.....pour finir par démarrer toute sa bibliographie

Fred Vargas , pseudonyme sous lequel une Archélogue renommée, chercheur au Cnrs et spécialiste du Moyen-age en référence à Maria Vargas,rôle que tenait Ava Gardner dans le film de Joseph Mankiewicz La comtesse aux pieds nus....Rien que ça!!!
Fred Vargas met en scène des personnages qui ont en commun d'être un peu décalés, doux rêveurs, et surtout humains .Le plus célèbre étant certainement le singulier commissaire Jean-Baptiste Adamsberg - dont c'est la première apparition dans L'homme aux cercles bleus

Depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris. Au centre de ces cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu : trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon... Jusqu'au jour ou l'on y retrouve le cadavre d'une jeune femme



Rêveur, s'habillant n'importe comment, toujours en retard, mais doué d'une intuition remarquable, Adamsberg résout l'enquête on ne sait comment, tout en faisant de petits croquis de feuilles d'arbres.
L' histoire comme dans les autres romans est toujours un peu alambiquée et les méthodes de résolution pour le moins irréalistes. Il n'en reste pas moins qu'on lis l'enquête jusqu'au bout. La curiosité est toujours la plus forte !

Les personnages qui peuplent ses livres sont aussi anarchistes et lunaires que savants et sont tous plus ou moins atypiques et attachants : le commissaire Adamsberg qui semble légèrement détaché de la réalité, l'océanographe,Mathilde, dont le passe temps préféré est de suivre les gens dans la rue pour les observer, l'aveugle aigri mais au bon fond, l'inspecteur Danglard et son petit faible pour le vin blanc... tous participent à créer une ambiance à la fois loufoque et attachante à ce livre.

Et surtout , Vargas sait conter avec un humour décalé bien à elle , des histoires toutes droite sorties d'un imaginaire libéré et débridée.

Un excellent livre, où ce qui compte le plus, ce n'est pas vraiment l'intrigue policière, mais bien les personnages et leur bizarre caractère, leurs dialogues tordus mais drôles.
Une écriture à dix milles lieues des polars classiques, se rapprochant des polars-qui-ne-se-prennent-pas-au-sérieux, type Le Poulpe.
Je ne peux que m'agenouiller devant cette romancière qui nous offre à chaque roman un véritable coup de maître, alambiqué ,certes , mais tellement savoureux !!!!

La reine des pommes de Chester Himes



L'histoire se passe dans Harlem, possiblement dans les années cinquante, comme la traduction en français a paru pour la première fois en 1958.
Jackson, la reine des pommes, est employé des pompes funèbres. Petit, gros et noir, il a presque pour femme Imabelle, une superbe demoiselle à la peau couleur de banane. Mais l’entourage de la belle est exclusivement constitué de truands sanguinaires qui ne pensent qu’à s’accaparer de l’argent de Jackson.

Après une tentative de blanchiment d’argent où ils sont tous pris en flagrant délit, les bandits disparaissent avec Imabelle. Seul Jackson se laisse prendre et est finalement remis en liberté.

Recherchée par le duo de policiers Ed Cercueil et Fossoyeur, la bande s’intéresse maintenant à la malle d’Imabelle qui contiendrait des pépites d’or. Jackson, de son côté pense à retrouver son aimée et va chercher de l’aide auprès de Goldy, son frère jumeau. Goldy, qui se déguise en bonne sœur et qui vend des tickets pour le ciel afin de s’acquitter du coût de la drogue qu’il a tant besoin, pigeonne aussi Jackson.
La route qui mène Jackson à la tranquillité et à l’amour d’Imabelle est semée de cadavres et autres malentendus macabres.
Le récit est saupoudré d’humour noir et de dégoûtantes descriptions, mais le bonheur finit par l’emporter car dans le Harlem de Chester Himes il y a effectivement un dieu pour les bons chrétiens… Qu’est-ce que la reine des pommes peut demander de plus ?

C'est un roman policier mais l'intrigue ne constitue pour autant pas l'intérêt essentiel de ce livre. Plus qu'un roman policier, c'est aussi et peut-être surtout un roman social. Chester Himes décrit Harlem dans tous ses coins et recoins, la misère,la saleté, la violence, c'est la vie dans ce qu'elle a de plus pathétique.
On ne s'ennuie jamais dans les descriptions de Chester Himes car le rythme est rapide.
Les descriptions du Harlem des années 50 et de ceux qui y vivent ou plutôt souvent y survivent sont très réussies...
C'est très noir voire sordide mais en même temps, drôle voire loufoque. Et Le sordide et le loufoque font ici un mélange savoureux.

On ne s'ennuie jamais car le rythme est très enlevé et il se passe toujours quelque chose: on se croirait devant un vieux film américain de gangsters mais avec une dimension sociale et un côté comique plus poussés.

Et Les dialogues sont agrémentés de citations fantaisistes des Écritures et font un usage massif de l'argot. On y retrouve l'inévitable "greluche" mais aussi les "bigorne", "frelot", "maflus", "lingue" ou autres "blases". Et Quelques refrains de blues viennent compléter l'ambiance de ce bon polar qui ne ménage cependant pas le lecteur en alternant dialogues pittoresques et scènes plus noires...

La Reine des pommes est le premier roman d'une série qui met en vedette deux inspecteurs noirs, Ed Cercueil Johnson et Fossoyeur Jones,l’un au crâne cabossé, l’autre au visage vitriolé, inspirant respect et crainte aussi bien aux flics blancs qu’aux voyous de Harlem.
Les aventures dans le ghetto de Harlem des deux policiers sans illusions se poursuivent entre humour et désespoir à travers plusieurs autres romans parmi lesquels Couché dans le pain et Imbroglio negro en 1959, Tout pour plaire en 1961...

Ce roman a obtenu le Grand Prix de littérature policière en 1958, je crois et a d'ailleurs été adapté en 1991 par Bill Duke avec Forest Whitaker et Danny Glover, et l'on avait conservé le titre original, Rage in Harlem.
Je vous le recommande chaleureusement, sous le couvert d'un humour irrésistible et d'une histoire policière c'est un roman qui démontre la condition déplorable des noirs américains dans les années 50.


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