Innercity blues d' Ammari-B et Brüno


Inner City, côte Est des Etats-Unis, septembre 1972. Huggy les bons tuyaux , John Shaft et Foxy brown sont de sortie !!!!
Les deux frères Arnold et Willie, sont des petits malfrats et voleurs de bagnoles qui évoluent dans le ghetto black.
Suite à une gaffe - ils volent la voiture de Yaphet Kotto, un grand ponte de la mafia régnant sur la ville- ils se voient offrir un boulot pour lui.
Ils lui sont sont redevables, et doivent exécuter une sale besogne pour Kotto. Dès lors qu'ils intégrent le gang, ils vont progressivement gravir les échelons de l’organisation. De
contrats en coups de main, les deux frères font une entrée remarquée dans la pègre d'Inner City .Ils vont manier des gros flingues, toucher beaucoup d argent, devenir des caïds, et bien sûr, devoir faire régulièrement couler le sang...
Ils ne comptent même plus les cadavres qu’ils laissent derrière eux.
Mais tout basculera dés lors qu on leur confie un gros coup : acheter une grosse quantité de drogue à un dénommé Priest, redoutable truand indépendant...

Bienvenue en pleine blaxploitation : l’ambiance qui règne ici, c’est Marvin Gaye, «Foxy Brown», la «Tamla Motown», la boxe, le jazz, les quartiers blacks, la drogue...
L'ambiance seventies de cet album est tout simplement exquise, entre soul music, design rétro et séries kitsh, nos deux compères évoluent dans un univers plein de couleurs flashy, de drogues psychédelliques et de filles sexy.

Au départ cette série ne m'avais pas fait flashé à cause de son dessin très original donc et un graphisme hors norme.. Cependant il faut bien avouer qu'après lecture le scénario de Fatima Ammari est bien ficelé, bien développée, avec des personnages intéressants et le dessin de Brüno va vraiment bien et apporte une touche d'originalité notamment au niveau de l'ambiance créée. Le trait épuré et tout en rondeur est un vrai régal, er est servit par une colorisation impeccable et un environnement qui lui sied à merveille.Son trait est sûr, net et brutal comme peut l'être le récit dans une Amérique ou "violence" rime avec "quotidien". C'est un vrai régal de voir les tribulations des deux frangins.

Nostalgiques des coupes "afro" et des chemises à col pointu, sautez sur l'occasion pour vous replonger dans vos souvenirs.Tout ici est seventies ! Des couvertures pétantes aux ambiances musicales omniprésentes.On croirait parfois entendre Sly Stone ou isaac Hayes.

Cette série fonctionne sur le principe de l'alternance, chaque album mettant en scène différents protagonistes dans le même espace temps puisque c'est Pries , sortant de prison qui est narré dans le second tome
Les gentils et honnêtes héros ont le bon goût de ne pas apparaître, ce qui renforce l'authenticité et l'intérêt de cette série 100% blaxploitation. On ne peut s'empêcher de sentir l'ombre de Tarentino dans sa période "Jackie Brown", cela sent bon le souffre, la luxure et contrairement aux apparences, c'est bien le noir qui est la couleur dominante ici !

Rencontre Dédicace avec Vladimir Kozlov



 L'auteur de RACAILLES, Vladimir Kozlov sera présent le jeudi 8 avril à la librairie du Globe, 67, boulevard Beaumarchais 75003 Paris.
La signature sera suivie d'un coktail organisé par EvaEvent.


Racailles ou la chronique noire d’une bande de gopniks dans une cité crasseuse de l’Union soviétique au temps de la Perestroïka. Ecole, castagne, baise et alcool font le quotidien de ces adolescents bas du front, sans éducation ni avenir, pour qui seule compte la loi du plus fort.
Un récit sans lumière et sans rêve, sans jugement ni compassion, rapporté dans un langage minimaliste, cru et argotique ; une histoire de brutes racontée dans une langue de brute.
« Une littérature autochtone ».extr. Ed. Moisson Noire


- En guise de mise en bouche, le premier chapitre de ce roman en lecture ci-jointe : -  



Hourra ! Les vacances ! Trois mois !

C’était hier le dernier jour d’école, et il n’y a même pas eu d’école. Il y a seulement eu deux vieux croûtons dégarnis, et une grosse matrone qui se sont pointés pour choisir les élèves de l’école pour crétins l’année prochaine.
Ils ont interrogé sur la table de multiplication, six fois huit soixante-quatre, ou non ?
Qu’est-ce qui distingue un taureau d’un tracteur et quel est le plus lourd un kilo de pain ou un kilo de sucre.
Mais ils ont pas dit qui ils avaient choisi, ils le diront plus tard.

Pour l’instant on peut jouer au foot et au poker, fumer des mégots, et balancer des caillasses sur les trains, pour péter les vitres, piéger des chats noirs et les pendre, et encore tout le tas de trucs qui restent.
Demain je me lèverai très tard, je sortirai sur le balcon et je cracherai sur le crâne chauve du voisin du dessous, qui fait de la gymnastique sur son balcon à lui, et il se mettra à brailler : Qu’est-ce que c’est que ça, putain ? La pluie, ou quoi ?

Mais je cavalerai jusqu’aux toilettes pour pisser, je boufferai dans la cuisine — et hop, dans la rue, juste à temps pour s’infiltrer dans le jardin de Gogol piquer des pommes avant qu’il ne rentre du marché.
Ses pommes sont vertes et acides, mais les piquer dans le jardin de Gogol — c’est le bonheur, et le plus grand kif — c’est de voir sa tête après quand il aura pigé qu’il n’a plus de pommes, qu’on les lui a toutes piquées sur l’arbre.
Ensuite, j’irai me baigner à la carrière, bien que l’eau soit orange-marronnasse avec des reflets rosâtre framboise écrasée, à cause des usines chimiques et de la fabrique de colle où ils font des engrais à partir d’ossements et il y a des rats de cinquante centimètres, et on peut leur taper dessus à coups de bâton, mais là tout de suite, j’ai la flemme. Qu’est-ce que j’en ai à secouer, des rats. Ça me dit rien, tout à coup.

Dommage qu’il n’y ait pratiquement pas de gonzesses à la carrière, et celles qu’il y a, elles ne vont pas se baigner — des pisseuses. Elles étendent des couvertures et s’allongent le cul en l’air. Et à chaque fois que tu t’approches — genre allez les filles, on va se baigner — elles prennent leurs têtes de kolkhoziennes : on se baigne pas, on est très bien ici, genre pucelle exemplaire. Mais j’avalerai ça le jour où j’irai caguer. Je sais tout sur elles, avec qui, quand, jusqu’où elles sont allées.

Après la carrière j’irai bouffer chez moi, pendant qu’il n’y a encore personne, sinon ils me font la morale, qu’il faut que je reste à la maison le soir, et pas traîner n’importe où, et qu’est-ce que c’est que ces fréquentations et ce genre d’amis n’apporte rien de bon, et tu ferais mieux de rester à la maison lire des livres — voilà la liste des bouquins à lire pour l’été, et toi, qu’est-ce que tu fais ?
Moi ? Moi ça va, vaudrait mieux arrêter de me farcir le citron, sinon je reviendrai plus du tout bouffer à la maison, je piquerai des trucs au magasin. Le principal, c’est de pas se faire pincer par les vendeurs, parce qu’ils vous dérouillent à coups de balai et vous balancent aux flics, et les flics — c’est tous des salopes et des chacals, mais sur eux, de toute façon, il n’y a rien dire.

Et le soir — par-dessus la barrière et hop en discothèque et personne ne se grattera la tête, genre eh, merde, les petits, vous avez débarqué.
Les grands nous ont promis de nous emmener chez Natacha la baiser en groupe, mais ensuite, ils ont changé d’avis ou fait autre chose, et peut-être qu’ils ne voulaient plus nous emmener — genre, c’est encore des mioches, il est trop tôt.

Mais on n’est plus des mioches, et on a souvent déchiré les jupes des filles pour les peloter à la sortie de la discothèque, mais les filles peuvent être accompagnées par des mecs, et alors il faut s’arracher en vitesse, sinon les mecs, surtout bourrés, vont vous travailler au corps si dur que vous pourrez même plus aller à la discothèque pendant une semaine, et que vous aurez même plus envie de vous branler. Et tout ça à cause des filles, ces salopes invétérées.
La discothèque ferme, mais il est encore tôt pour rentrer à la maison — il n’est que minuit — et, ça veut dire qu’on va encore se faufiler dans le parc, chercher où ça se bécote et où ça baise, leur foutre les chocottes et leur jeter des pierres, mais Dieu nous préserve de tomber sur les mecs seuls et sans filles, qui restent assis tout tristes à picoler.

Et avant de dormir on court encore une fois au jardin de Gogol, lui dire bonsoir. Il fait la sentinelle, l’arpente de long en large avec un fusil, et on lui crie : bonne nuit, Sergueï Stepanitch, ne t’endors pas sinon on va foutre le feu à ton jardin, mais il crie tirez-vous, petits salauds, je ne plaisante pas.

Et c’est tout. Retour au bercail pour dormir. Et demain, on recommence.

Les anges brisés de Somerstown de Graham Hurley


Joe Faraday est inspecteur des quartiers nord de Portsmouth ( UK)  en charge de la brigade criminelle.
Il est aussi le père d’un jeune homme sourd et muet de retour chez lui après une histoire d’amour ratée.
On les retrouve dans le troisième volet d’une série qui décrit la réalité sordide de Pompey, la zone portuaire de la ville.
L’Angleterre n’a plus rien de « so british », mais c'est à mi-chemin ( et le chemin peut être long ) avec le Los Angeles de Connelly.
La violence y règne à l’état pur : drogue et trafics en tout genre.

 Ici, une très jeune fille de quatorze ans Helen Bassam, adolescente à problèmes est tombée d’un toit, vingt-trois étages en chute libre… Elle s'était entichée d'un Afghan (avec épouse ...au pays) qui lui donnait des leçons particulières. Mais s'est-elle vraiment suicidée ? Les soupçons, inévitablement, se portent sur le prof.
 Le même soir, Doodie, 10 ans, petit délinquant d’une sauvagerie irréductible, a été vu dans l’immeuble…par l'arrière grand-mère d'Helen...  C'est un petit délinquant qui deviendra grand, déjà dangereux . En rupture de tout, squatte un cinéma qui risque à tout moment de s’effondrer...
Ailleurs, un petit malfrat ,Bradley Finch, 20 ans, dealer de modeste envergure, est retrouvé pendu vêtu en tout et pour tout d’une culotte de dentelle rouge.  Avant de « se pendre », il a été tabassé, côtes cassées,

Confronté aux nombreux drames de l’adolescence qui ravagent Pompey et Somerstown, quartiers défavorisés de Portsmouth, l’inspecteur Faraday se désole.
Et la police ? Elle n’a pas les moyens d’agir comme il conviendrait faute d'effectifs… Alors, tout est bon pour que le public mette la main à la poche…
Cette brigade de Portsmouth qui patauge avec un budget rachitique face à des médias locaux teigneux.
De Cathy Lamb, sergent au mariage plombé, à Paul Winter, inspecteur de la vieille garde aux méthodes douteuses, en passant par le superintendant grande gueule Bevan, tous sont attachants et parfaitement crédibles.

C’est là que nous retrouvons Faraday, toujours amateur d’ornithologie ce qui nous change des flics amoureux de la bouteille (et je ne citerai pas nos écrivains nordiques !!!), mais qui progresse dans la vie tant bien que mal. Enchevêtrant vie privée et enquêtes en cours, c’est un héros fragile, un type qui aime mais doute et se heurte au quotidien des choses.
Si vous aimez entrer dans les personnages, leur psychologie, scruter le déroulement minutieux d’une enquête,  vous serez passionné par Joe et son univers.
L’ambiance pluvieuse, portuaire et donc maritime, concourt au rythme donné. Loin du tumulte et de la vitesse américaine, l’anglais se presse lentement, collectionne les faits, et suit calmement la dérive des choses..

C'est aussi un roman dur et social comme savent nous le concocter les anglais. on y évoque la violence des jeunes, l’inflation galopante du trafic de drogue, les parents qui baissent les bras, les services sociaux impuissants et la police dépassée. C'est autant de signes d’une société malade que les pouvoirs publics refusent de considérer.
Les Anges brisés de Somerstown offre une plongée réaliste dans les quartiers périphériques pauvres de Portsmouth, territoire de la délinquance juvénile, des dealers, des ados violents que leurs parents n'arrivent pas à contrôler.

Ce roman est vrai , son réalisme vous heurtera peut être mais vous touchera surement. Mais La justesse de Graham Hurley et l’humanisme à l’œuvre dans ses romans forment une dynamique globale.
Un énième conseil de lecture...ça fait beaucoup maintenant.

Sans feu ni lieu de Fred Vargas

Clément Vauquer est un jeune homme si lent d'esprit et si stupide au point d'exécuter ce qu'on lui demande de faire sans se poser de questions, et assez aveugle pour ne pas voir la manipulation. C'est le pigeon idéal.
Tout l'accablant , il est accusé de meurtre .
Lorsque son portrait s'étale à la une de tous les journaux et que tous reconnaisse en lui le tueur en série de jeunes parisiennes, il n'y a que la vieille Marthe pour croire à son innocence. Cette ancienne prostituée, qui avait pris Clément enfant sous son aile, va tout faire pour prouver l'innocence de "son petit".

Elle fait appel à Louis Kehlweiler, ancien flic de l'Interieur mais aussi ancien client et ami de longue date, qui va mener l'enquête et  tout faire pour élucider l'affaire.
Alsacien ,il est surnommé l'Allemand mais est aussi paumé qu'Adamsberg qu'on verra par la suite. D'ailleurs les personnages des romans de Vargas ont tous des défauts caricaturaux,  beaucoup de mal à s'integrer dans le monde réel , et une passion dévorante hors norme. Kehlweiler, lui rédige une biographie de Bismarck !!! 

Les personnages sont attachants, y compris le présumé coupable, et toujours décalés, comme Vargas sait si bien les inventer.
Clément l'accordéoniste est quand même un brin demeuré et a le chic pour s'emmeler. Bizarre et intriguant, il devient attachant au fil des pages.

Quant à l’intrigue, elle est bien menée, on peut faire confiance à l’auteur : prenante, sans temps mort, pleine de rebondissements. Même si j’avais malheureusement subodoré l’identité du coupable.
Une intrigue avec un coupable idéal qui n'est donc pas le vrai mais envers lequel l'histoire entretient toujours un doute...

Et c'est aussi dans ce roman là qu' on retrouve St Luc, St Matthieu, et St Marc, les Evangélistes.
L' idiot Clément , traqué par toutes les polices de Paris et de Nevers,echouera chez eux , en planque malgré lui.
 Les trois amis historiens qui se découvrent page après page, sont relativement caricaturaux et semble à peine adultes. Fred Vargas elle même historienne et spécialiste du moyen-age a certainement du distiller ça et là quelques anecdotes vécues.

Mais ce sont eux qui font l’originalité du roman, leur chaleur, leur humanité et ce, sur un ton joliment drôle où leurs multiples péripéties y contribuent amplement.
Ces personnages sont bien de leur époque, trois chomeurs hyper-diplomés s’associant pour partager un logement et vivant de petits boulots,
Ils occupent leur maison par couches chronologiques, comme sur un terrain de fouilles, une triade d'abord : un préhistorien au premier, un médiéviste au-dessus, puis un spécialiste de 14-18. Matthias, Marc et Lucien ; Et au grenier, le Vieux Vandoosler , l'archiviste, c’est Dieu au dessus de tout ,  ex-flic douteux et fatigué.
L'homme de la Préhistoire et l’Age de Pierre se balade nu; Le parrain débonnaire du grenier fait du gratin pour tous, tandis qu’un immonde crapaud gîte dans la poche de Kehlweiler, l'allemand.
Pour vous metttre dans l'ambiance !
Ils sont à ce point attachant que Vargas s'y est elle même attachée et qu'aprés "Debouts les morts" et "un peu plus loin sur la droite " c'est leur troisième apparition .

Ce qui est intéressant dans Vargas, c’est autant le contexte, la marginalité dans laquelle évoluent les intervenants que l’intrigue elle-même.
Un bon cru et surtout un roman qui mise agréablement sur le décalage et l'absurde.

Une enquête au pays de Driss Chraïbi


Ce soir je ne vous propose ni un polar , ni un thriller mais une simple enquête policière qui tient plus du récit initiatique. Ce livre vous transporte littéralement hors du temps ,de l'espace mais aussi de nos conventions futiles d'occidentaux.

L'inspecteur Ali va passer deux jours flanqué de son chef dans un village oublié au coeur du Haut-Atlas  marocain, à la recherche d'un mystérieux coupable.
Les deux policiers tentent de mener une enquête et se heurtent à la rudesse du paysage et du climat autant qu'à la simplicité frustre des habitants
Dans ce village fantômatique, l'inspecteur va vivre les émotions les plus intenses de son existence qu'il retrace avec son chef. L' humour et les pitreries d'Ali, de même que les vaines colères de son chef ne pas sans rappeler les personnages d'une bande déssinée.
Parfois très drôle, parfois lourd, mais au fur et à mesure de la lecture,on finit par s'immerger dans
le style de l'auteur et à s'attacher aux personnages.

C'est plus un voyage qu'une enquête , un  hymne sensuel à la terre natale et une vision désidéalisée du Maroc .
 Une enquête au pays mêle l'humour  et la réflexion en confrontant deux sociétés et deux époques qui ont bien du mal à dialoguer entre elles.
 Et c est aussi, pour Driss Chraïbi, l'occasion de dénoncer, non sans ironie, l' absurdité du pouvoir des chefs de villages  et les dangers d'un 'progrès' occidental importé qui a tendance à détruire les valeurs traditionnelles de la société arabo-berbère.

Dans Une Enquête au pays, le fait d'être intrus dans une communauté de berbères amène les deux personnages principaux, le chef et son inspecteur, à une prise de conscience individuelle, à voir l'intrus en eux-mêmes, qui les dérange et qui les trouble.
C'est un livre vraiment trés bien écrit et qui puise sa force, non seulement dans son modernisme mais qui met dos à dos histoire coloniale et histoire identitaire.

Driss Chraïbi est l'un des plus grands écrivains marocains. A son enterrement en 2007 au cimetière des Chouhadas à Casablanca, Tahar ben Jelloun dira de lui qu'il était " l'écrivain-monde ", " l'ancêtre des marocains" .
Une  littérature sans concession empreinte de rage et de révolte. Son premier roman « Le Passé simple » (1954) a été pour les maghrébins aussi important que « L’Etranger » d’Albert Camus "

Une agréable surprise puisqu'un livre acheté , je l'avoues , aux hasards d'errances dans quelques librairies parisiennes et ma foi, mis dans mon panier sans trop de conviction   , pressé par le temps.
Une accroche....peut être à laquelle j'étais destiné ...Qui sait ?

Le Bonhomme de neige de Jo Nesbo


Une nuit, le petit Jonas aperçoit un bonhomme de neige dans son jardin. Mais ce n’est pas lui qui l’a fait. Chose étrange, il regarde vers la maison, et même… Vers lui. Le lendemain, sa mère a disparu, et on retrouve son écharpe autour du cou du bonhomme de neige. C’est la première disparition d’une série qui va lancer Harry Hole -  flic surdoué, pas vraiment beau,  pas sentimental pour deux sous, mais voilà,formidablement intelligent et pugnace ....mais en lutte permanente contre le démon de l' alcool ( encore un flic alcoolique... décidemment ) - sur les traces du premier serial-killer norvégien.

Nesbo, auteur norvégien, est peut être le plus américain des auteurs nordiques . A cela son style se rapproche d'un Connolly.
Il signe un thriller de trés bonne facture,avec  tous les meilleurs ingrédients du genre, et suffisamment bien ficelés pour qu’on oublie que la recette est classique.
 
Les leurres abondent, les fausses pistes sont habilement tracées, le final en apothéose explosive, et Nesbø sait instiller la trouille à l’égal des grands maîtres du genre. On tremble souvent, et pas de froid.
Harry Hole, commissaire de son état en est le principal protagoniste de ses polars : problèmes avec l'alcool ,gros fumeur devant l'éternel , est en conflit avec sa hiérarchie...
Bien sûr, ce n est pas trés original mais c'est un personnage plein de failles et sympathique qui fait beaucoup penser au Rebus de Ian Rankin dans un pays plein de contradictions qu'est la Norvège ( notamment sur la rivalité entre Oslo et Bergen - Les Berguénois ne considèrant pas Oslo comme la capitale !!!

Le climat est oppressant, les crimes se succèdent dans des mises en scène sadiques, mais rien n'est gratuit et forme un excellent polar "psychologique".
Dès le début, le lecteur est pris dans le filet de ce "bonhomme de neige" qui apparait dans le jardin, au moment même où disparait la première victime....lorsque tombe la première neige. 
A retenir aussi : beaucoup de personnages secondaires finement étudiés et un suspense haletant.
Du très grand Nesbo


Un simple extrait peut vous en dire long:

[...] - J'appelle les troupes.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Il y a un bonhomme de neige, ici.
- Et alors ?
Harry expliqua.
- Je n'ai pas pigé la fin, cria Holm. La couverture est mauvaise, ici ...
- La tête, répéta Harry. C'est celle de Sylvia Ortensen.
Le silence se fit à l'autre bout du fil.

Comme toute série , il n'est pas obligatoire de débuter par l'homme chauve-souris , premier roman , mais fortement conseillé.
Et ne pas oublier de lire " le sauveur " et "les cafards" . 

Pimp d' Iceberg Slim


Pas de détective privé ici ni de crime sanglant, pas de tueur en série en cavale ni d'inspecteur alcoolique ou flegmatique mais une authentique tranche de vie, une confession noire, brutale et implacable. 
Ca nous change de la fiction car ici la réalité est vraiment sordide.
Pimp, c'est la vie d'un mac racontée par le roi des macs, Robert Beck alias Iceberg Slim. 


Né à Chicago en 1918. Son père l'abandonne, sa mère le couve, aucun des deux ne sera un modèle d'honnêteté, particulièrement l'un envers l'autre. Voila les principales raisons qu'il avancera quant à ce qui aura décidé de son choix de vie . Jeune paumé de Milwaukee, il n'a qu'un rêve: devenir le plus grand mac des États-Unis. 

De 1940 à 1960, il est Iceberg Slim, patron d'un harem et maître du pavé de Chicago. Une superbe Cadillac, des costards sur mesure et de la cocaïne plein les poches, impitoyable et accro , il est toujours à la recherche d'une proie à envoyer sur le trottoir.

Pimp est un grand livre mais sa lecture nécessite un petit mais non négligeable avertissement : nombre de propos et faits évoqués dans ses pages sont révoltants.
Emprunt d'un machisme époustouflant , ce roman d'une vulgarité étonnant n'est pas à mettre dans toutes les mains. L'écriture ne s’embarasse pas de fioritures, c’est l’expérience de la rue mise en mots de la façon la plus brute et directe qui soit. 


Iceberg Slim les assume et n'en tire aucune gloire. « Le mac est le salopard le plus seul de la terre », nous dit-il avant de tomber le masque et de nous inviter à découvrir son visage le plus intime : celui d'un gamin plongé dans la violence et qui aura mis toute une vie d'homme à retrouver le chemin du bien et de la paix.

Attirance, fascination, dégoût et écoeurement, c'est un peu tous ces sentiments à la fois qui affleurent à la lecture de cette biographie et le pire étant qu’on n’arrive même pas a
détester ce jeune type qui veut devenir quelqu’un, toucher plein d’argent, et à qui ça ne traverse pas l’esprit qu’il y a peut être d’autres moyens.
Ou peut être que comme il le dit lui même, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions quand tu es noir et pauvre. Quitte à finir sa vie en prison , il faut savoir la vivre !

Ce livre devenu culte est un document vrai sur les bas-fonds de l'Amérique et tout ici transpire sueur, sexe et violence. Un récit en connexion directe avec le trottoir et ses sales histoires, sans compassion.

Mitch Davis, Ryan Drexler, Andrew Left et Rob Weiss, scénaristes et producteurs de la série Entourage, ont obtenu les droits de l'autobiographie et en tout cas sont décidés de prendre
le risque à retranscrire cette ambiance sur grand écran.
Le livre publié en 1969, en pleine période bouleversements sociaux,sera adapté au cinéma en 2010. Reste à savoir l'acteur qui saura incarner le célèbre proxénète.

Denzel Wahington qui avait déja interprété un mémorable Malcolm X est fortement préssenti.


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