Rencontre Dédicace avec Vladimir Kozlov



 L'auteur de RACAILLES, Vladimir Kozlov sera présent le jeudi 8 avril à la librairie du Globe, 67, boulevard Beaumarchais 75003 Paris.
La signature sera suivie d'un coktail organisé par EvaEvent.


Racailles ou la chronique noire d’une bande de gopniks dans une cité crasseuse de l’Union soviétique au temps de la Perestroïka. Ecole, castagne, baise et alcool font le quotidien de ces adolescents bas du front, sans éducation ni avenir, pour qui seule compte la loi du plus fort.
Un récit sans lumière et sans rêve, sans jugement ni compassion, rapporté dans un langage minimaliste, cru et argotique ; une histoire de brutes racontée dans une langue de brute.
« Une littérature autochtone ».extr. Ed. Moisson Noire


- En guise de mise en bouche, le premier chapitre de ce roman en lecture ci-jointe : -  



Hourra ! Les vacances ! Trois mois !

C’était hier le dernier jour d’école, et il n’y a même pas eu d’école. Il y a seulement eu deux vieux croûtons dégarnis, et une grosse matrone qui se sont pointés pour choisir les élèves de l’école pour crétins l’année prochaine.
Ils ont interrogé sur la table de multiplication, six fois huit soixante-quatre, ou non ?
Qu’est-ce qui distingue un taureau d’un tracteur et quel est le plus lourd un kilo de pain ou un kilo de sucre.
Mais ils ont pas dit qui ils avaient choisi, ils le diront plus tard.

Pour l’instant on peut jouer au foot et au poker, fumer des mégots, et balancer des caillasses sur les trains, pour péter les vitres, piéger des chats noirs et les pendre, et encore tout le tas de trucs qui restent.
Demain je me lèverai très tard, je sortirai sur le balcon et je cracherai sur le crâne chauve du voisin du dessous, qui fait de la gymnastique sur son balcon à lui, et il se mettra à brailler : Qu’est-ce que c’est que ça, putain ? La pluie, ou quoi ?

Mais je cavalerai jusqu’aux toilettes pour pisser, je boufferai dans la cuisine — et hop, dans la rue, juste à temps pour s’infiltrer dans le jardin de Gogol piquer des pommes avant qu’il ne rentre du marché.
Ses pommes sont vertes et acides, mais les piquer dans le jardin de Gogol — c’est le bonheur, et le plus grand kif — c’est de voir sa tête après quand il aura pigé qu’il n’a plus de pommes, qu’on les lui a toutes piquées sur l’arbre.
Ensuite, j’irai me baigner à la carrière, bien que l’eau soit orange-marronnasse avec des reflets rosâtre framboise écrasée, à cause des usines chimiques et de la fabrique de colle où ils font des engrais à partir d’ossements et il y a des rats de cinquante centimètres, et on peut leur taper dessus à coups de bâton, mais là tout de suite, j’ai la flemme. Qu’est-ce que j’en ai à secouer, des rats. Ça me dit rien, tout à coup.

Dommage qu’il n’y ait pratiquement pas de gonzesses à la carrière, et celles qu’il y a, elles ne vont pas se baigner — des pisseuses. Elles étendent des couvertures et s’allongent le cul en l’air. Et à chaque fois que tu t’approches — genre allez les filles, on va se baigner — elles prennent leurs têtes de kolkhoziennes : on se baigne pas, on est très bien ici, genre pucelle exemplaire. Mais j’avalerai ça le jour où j’irai caguer. Je sais tout sur elles, avec qui, quand, jusqu’où elles sont allées.

Après la carrière j’irai bouffer chez moi, pendant qu’il n’y a encore personne, sinon ils me font la morale, qu’il faut que je reste à la maison le soir, et pas traîner n’importe où, et qu’est-ce que c’est que ces fréquentations et ce genre d’amis n’apporte rien de bon, et tu ferais mieux de rester à la maison lire des livres — voilà la liste des bouquins à lire pour l’été, et toi, qu’est-ce que tu fais ?
Moi ? Moi ça va, vaudrait mieux arrêter de me farcir le citron, sinon je reviendrai plus du tout bouffer à la maison, je piquerai des trucs au magasin. Le principal, c’est de pas se faire pincer par les vendeurs, parce qu’ils vous dérouillent à coups de balai et vous balancent aux flics, et les flics — c’est tous des salopes et des chacals, mais sur eux, de toute façon, il n’y a rien dire.

Et le soir — par-dessus la barrière et hop en discothèque et personne ne se grattera la tête, genre eh, merde, les petits, vous avez débarqué.
Les grands nous ont promis de nous emmener chez Natacha la baiser en groupe, mais ensuite, ils ont changé d’avis ou fait autre chose, et peut-être qu’ils ne voulaient plus nous emmener — genre, c’est encore des mioches, il est trop tôt.

Mais on n’est plus des mioches, et on a souvent déchiré les jupes des filles pour les peloter à la sortie de la discothèque, mais les filles peuvent être accompagnées par des mecs, et alors il faut s’arracher en vitesse, sinon les mecs, surtout bourrés, vont vous travailler au corps si dur que vous pourrez même plus aller à la discothèque pendant une semaine, et que vous aurez même plus envie de vous branler. Et tout ça à cause des filles, ces salopes invétérées.
La discothèque ferme, mais il est encore tôt pour rentrer à la maison — il n’est que minuit — et, ça veut dire qu’on va encore se faufiler dans le parc, chercher où ça se bécote et où ça baise, leur foutre les chocottes et leur jeter des pierres, mais Dieu nous préserve de tomber sur les mecs seuls et sans filles, qui restent assis tout tristes à picoler.

Et avant de dormir on court encore une fois au jardin de Gogol, lui dire bonsoir. Il fait la sentinelle, l’arpente de long en large avec un fusil, et on lui crie : bonne nuit, Sergueï Stepanitch, ne t’endors pas sinon on va foutre le feu à ton jardin, mais il crie tirez-vous, petits salauds, je ne plaisante pas.

Et c’est tout. Retour au bercail pour dormir. Et demain, on recommence.

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